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histoire du livre magique
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coup, brisa la chaîne qui le retenait. Et à tâtons, avec mille précautions, il se dirigea à travers les complications de la prison endormie, et finit par se trouver devant la porte même qui donnait sur la rue. Et il n’eût pas de peine à en découvrir la clé, suspendue dans un coin. Et l’ayant ouverte sans aucun bruit, il sortit dans la rue, et s’enfuit à travers la nuit. Et les ténèbres d’Allah le protégèrent jusqu’au matin. Et dès que les portes de la ville furent ouvertes, il sortit en se mêlant au peuple, et hâta sa marche dans la direction d’Alep. Et, après de longues marches, il arriva sans encombre à la ville d’Alep, et entra dans la mosquée principale. Et là, il vit un groupe d’étrangers qui se disposaient manifestement au départ. Et il leur demanda où ils allaient. Et ils répondirent : « À Baghdad ! » Et Attaf s’écria aussitôt : « Et moi avec vous ! » Et ils lui dirent : « C’est à la terre qu’appartient notre corps, mais notre subsistance est près d’Allah seulement ! » Et ils partirent, avec Attaf au milieu d’eux. Et au bout de vingt jours de marche, on arriva à la ville de Koufa ; et on continua ainsi le voyage jusqu’à ce qu’on atteignit Baghdad. Et Attaf vit une cité de fortes constructions, et élégante, et riche en palais magnifiques qui montaient dans le ciel, et en délectables jardins ; et elle contenait également les savants et les ignorants, les pauvres et les riches, les bons et les méchants. Et il entra dans la ville, avec sa robe de pauvre, avec un turban sale et déchiré, sur sa tête, et une barbe inculte et des cheveux trop longs dans les yeux. Et sa condition était pitoyable. Et il franchit ainsi la porte de la pre-