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histoire du livre magique
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fût couvert de sang. Et ils le traînèrent devant le naïeb. Et le naïeb ordonna le pillage de sa maison. Et ses esclaves, ses richesses et toute sa famille passèrent aux mains des forcenés. Et Attaf demanda : « Quel est mon crime ? » Et ils lui répondirent : « Ô visage de goudron ! es-tu donc si ignorant de la justice d’Allah (qu’Il soit exalté !) que tu t’attaques au naïeb de Damas, notre seigneur et notre père, et crois pouvoir ensuite dormir en paix dans ta maison ? » Et on ordonna au porte-glaive de lui couper la tête à l’heure et à l’instant. Et le porte-glaive lui déchira un morceau de sa robe et lui en banda les yeux. Et il levait déjà le glaive sur son cou, quand l’un des émirs, qui assistaient à l’exécution, se leva et dit : « Ô naïeb, ne te presse pas tant de faire couper la tête de cet homme. Car la hâte est un conseil du Cheitân, et le proverbe dit : « Celui-là seul atteint son but qui porte la patience dans son cœur, tandis que l’erreur est le fait de celui qui se presse. » Cesse donc de te hâter, quant au cou de cet homme ; car peut-être que ceux qui ont parlé contre lui ne sont que des menteurs. Et personne n’est exempt de jalousie. Ainsi donc, prends patience, car peut-être regretterais-tu plus tard de lui avoir retiré la vie injustement. Et qui sait ce qui arriverait, si le vizir Giafar apprenait le traitement que tu as fait subir à son ami et compagnon ? Et c’est alors que ta tête ne serait plus en sécurité sur tes épaules…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.