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histoire du livre magique
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de lui, il l’embrassa et le serra sur son sein. Et ils rentrèrent ensemble au palais, et l’émir des Croyants fit asseoir son vizir à ses côtés, et lui dit : « Maintenant, raconte-moi ton histoire depuis le moment où tu as quitté ce palais, et tout ce qui t’est arrivé pendant ton absence. » Et Giafar lui raconta tout ce qui lui était arrivé depuis le moment de son départ jusqu’à celui de son retour. Mais il n’y a aucune utilité à le répéter. Et le khalifat fut grandement étonné, et dit : « Ouallahi ! tu m’as causé bien du chagrin par ton absence. Mais maintenant j’ai grande envie de connaître ton ami ! Et, quant à l’adolescente du palanquin, mon opinion est que tu devrais immédiatement divorcer d’avec elle et la mettre sur le chemin de son retour, accompagnée d’un serviteur sûr. Car si ton compagnon trouve en toi un ennemi, il deviendra notre ennemi ; et s’il trouve en toi un ami, il deviendra aussi notre ami. Et nous le ferons venir au milieu de nous, et nous le verrons, et nous aurons du plaisir à l’entendre et nous passerons le temps avec lui, joyeusement. Un tel homme n’est pas à négliger, et de sa générosité nous tirerons un grand enseignement et beaucoup d’autres choses utiles. » Et Giafar répondit : « Ouïr c’est obéir. » Et il fit aménager, pour l’adolescente en question, une fort belle maison, dans un jardin délicieux, et mit sous ses ordres toute une suite d’esclaves et de serviteurs. Et il lui envoya encore des tapis et des porcelaines et toutes les autres choses dont elle pouvait avoir besoin. Mais il ne s’introduisit jamais près d’elle et ne chercha jamais à la voir. Et il lui faisait chaque jour parvenir ses salams et des mots rassu-