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les mille nuits et une nuit

tout cela. Et il a divorcé. Et, en attendant l’expiration du temps légal, il a préparé tout ce qui, maintenant, me cause tant de peine. Et, maintenant que je t’ai expliqué la situation, il ne te reste plus qu’à agir comme un homme. »

Quand Giafar eut entendu ces mots, il se mit à sangloter tout haut, disant : « D’Allah nous provenons, et à Lui nous retournons. Ô toi ! Voici que, maintenant, tu m’es interdite, et tu es devenue entre mes mains un dépôt sacré, jusqu’à ton retour à telle place qu’il te plaira d’indiquer. » Alors il dit à un de ses serviteurs : « Je te charge de la garde de ta maîtresse. » Et ils continuèrent à voyager ainsi de jour et de nuit, et voilà pour eux !

Mais pour ce qui est du khalifat Haroun Al-Rachid, voici : Aussitôt après le départ de Giafar, il se sentit mal à son aise et plein de chagrin de son absence. Et il fut dans une grande impatience, et tourmenté du désir de le revoir. Et il regretta les conditions irréalisables qu’il lui avait imposées, l’obligeant ainsi à errer à travers les déserts et les solitudes comme un vagabond, et le forçant, en cette extrémité, à quitter sa contrée natale. Et il expédia des envoyés dans toutes les directions pour le chercher. Mais il ne put avoir aucune nouvelle de lui, et fut dans un grand embarras de ne plus l’avoir près de lui. Et ainsi il le regrettait et l’attendait.

Or, quand Giafar avec sa caravane fut proche de Baghdad, le khalifat en fut informé et se réjouit en son âme, et sentit son cœur s’alléger et sa poitrine se dilater. Et il alla à sa rencontre, et dès qu’il fut près