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histoire du livre magique
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Après quoi, elle pleura encore et sanglota, et ne put s’empêcher de se rappeler ces vers :

Ô vous, à qui j’ai donné mon âme, revenez. J’ai désiré l’arracher de vous, mais je n’ai pu y parvenir.

Et toi ! Aie de la pitié pour le reste d’une vie que je t’ai sacrifiée, avant qu’à l’heure de la mort je jette mon dernier regard.

Si vous êtes tous perdus, je ne serai pas étonné : mon étonnement existerait si son destin appartenait à un autre.

Et voilà pour elle !

Mais pour ce qui est du grand-vizir Giafar, voici : Dès que la caravane se fut remise en marche, il s’approcha du palanquin et dit à la nouvelle mariée : « Ô maîtresse du palanquin, tu nous as tué ! » Mais à ces paroles, elle le regarda avec douceur et modestie et répondit : « Je ne dois pas te parler, parce que je suis la cousine-épouse de ton ami et compagnon, Attaf, prince de générosité et de dévouement. S’il y a en toi le moindre sentiment humain, tu feras pour lui ce que, dans son dévouement, il a lui-même fait pour toi. »

Quand Giafar eut entendu ces paroles, il devint bien troublé quant à son âme, mais, comprenant la hauteur de la situation, il dit à la jeune femme : « Ô toi, es-tu donc vraiment sa cousine-épouse ? » Et elle dit : « Oui ! C’est moi-même que tu vis à la fenêtre tel jour, quand telles et telles choses arrivèrent et que ton cœur s’attacha à moi. Et tu lui as raconté