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les mille nuits et une nuit

avoir laissé tomber de l’eau, quand j’arrosais mon jardin de fenêtre. Et, sans aucun doute, il est l’ami de mon cousin. Il a été pris d’amour pour moi, et s’en est plaint à mon cousin Attaf. Et il m’a décrite, et a décrit ma maison ; et alors la générosité et la grandeur d’âme de mon cousin ont eu le dessus ; et il a divorcé pour que son ami me prît comme épouse. » Et, ayant ainsi pensé, elle se mit à pleurer toute seule, dans la litière, et à se lamenter sur ce qui leur était arrivé, sur sa séparation d’avec son cousin qu’elle aimait, d’avec ses parents et d’avec sa ville. Et elle se rappela tout ce qu’elle était et avait été. Et des larmes brûlantes tombèrent de ses yeux, tandis qu’elle récitait ces vers :

« Je pleure au souvenir des endroits que j’aimais, et des beautés que j’ai perdues. Ô ! ne blâmez pas l’amoureux si, quelque jour, il devient fou.

Car ces places, ces endroits, les chers aimés les habitent. Ô louange à Allah ! combien douce est leur habitation !

Qu’Allah protège les jours passés parmi vous, ô mes chers amis, et puisse, dans la même maison, le bonheur nous réunir ! »

Et lorsqu’elle eut fini cette récitation, elle pleura et se lamenta et récita encore :

« Je suis étonné de vivre encore sans vous, au milieu de tous les soucis qui nous accablent.

Je désire pour vous, chers absents bien-aimés, que mon cœur blessé soit encore avec vous. »