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les mille nuits et une nuit

embrassa la terre entre ses mains, et lui dit : « Ô mon seigneur, pourquoi ne nous as-tu pas informés plus tôt de ton arrivée bénie, afin qu’il nous ait été loisible de te préparer une réception digne de ton rang ? » Et Giafar répondit : « Cela n’était pas nécessaire du tout ! Puisse Allah te favoriser et augmenter ta bonne santé ; mais je ne suis venu ici que dans l’intention de changer d’air et de visiter la cité. Et, d’ailleurs, je ne vais y rester que fort peu de temps, juste pour pouvoir me marier. J’ai, en effet, appris que l’émir Amr a une fille de noble race, et je désire de toi que tu causes de l’affaire avec son père et que tu me l’obtiennes de lui pour épouse. » Et le naïeb de Damas répondit : « J’écoute et j’obéis. Précisément, son époux vient de divorcer d’avec elle, parce qu’il désire aller au Hedjaz pour le pèlerinage. Et, dès que le temps légal de la séparation sera écoulé, il n’y aura plus aucun empêchement pour que les accordailles de Ton Honneur prennent leur place. »

Et il prit congé de Giafar et alla, à l’heure et à l’instant, trouver le père de la jeune femme, l’épouse divorcée du généreux Attaf, et le fit venir dans les tentes et lui dit que le grand-vizir Giafar avait fait un souhait d’épousailles sur sa fille, de noble descendance. Et l’émir Amr ne put répondre que par l’ouïe et l’obéissance.

Alors Giafar donna l’ordre d’apporter les robes d’honneur et l’or des sacs, et d’en faire la distribution. Et il fit venir le kâdi et les témoins, et, sans retard, leur fit écrire le contrat de mariage. Et il fit écrire, comme dot et douaire de la jeune femme, dix coffres de somptuosités et dix sacs d’or. Et il fit