Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 14, trad Mardrus, 1903.djvu/305

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire du livre magique
301

Quant à Giafar, lorsqu’il eut entendu ces paroles de son ami, il se leva sur ses deux pieds et prit la main d’Attaf et voulut la baiser, mais Attaf le prévint, et retira vivement sa main. Et Giafar, continuant à taire son nom et à cacher sa haute condition de grand-vizir et de tête des Barmécides et leur couronne, remercia son hôte avec effusion, et passa cette nuit-là avec lui, et coucha dans le même lit que lui. Et le lendemain, à la pointe du jour, ils se levèrent tous deux, et firent leurs ablutions et récitèrent leurs prières du matin. Puis ils sortirent ensemble, et Attaf accompagna son ami hors de la ville.

Après quoi Attaf fit préparer les tentes et tout le nécessaire, en fait de chevaux, de chameaux, de mulets, d’esclaves, de mamalik, de coffres contenant toutes sortes de cadeaux à distribuer, et de grandes caisses contenant des sacs d’or et d’argent. Et il envoya tout cela hors de la ville, secrètement, et alla retrouver son ami, et le vêtit d’une robe de grand-vizir, tout à fait somptueuse et de haut prix. Et il lui fit élever, dans la tente principale, un trône de grand-vizir, et l’y fit s’asseoir. Et il ne savait pas que celui qu’il allait désormais appeler le grand-vizir Giafar était en réalité Giafar lui-même, fils de Yahia le Barmécide ! Et, cela fait et combiné, il envoya des esclaves messagers au naïeb de Damas lui annoncer l’arrivée de Giafar le grand-vizir, envoyé en mission par le khalifat.

Et aussitôt que le naïeb de Damas fut informé de cet événement, il sortit de la ville, accompagné par les notables de la ville de son autorité et de son gouvernement, et alla à la rencontre du vizir Giafar et