Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 14, trad Mardrus, 1903.djvu/304

Cette page a été validée par deux contributeurs.
300
les mille nuits et une nuit

choses somptueuses, et des chevaux. Et tu iras, sans que personne sache que tu sors d’ici, habiter sous ces belles tentes, qui seront tes tentes de voyage, et tu feras une entrée pompeuse dans notre ville. Et moi, de mon côté, je prendrai soin de répandre dans toute la ville le bruit que tu es un très grand personnage de Baghdad, et même je dirai que tu es Giafar Al-Barmaki en personne, et que tu viens, de la part de l’émir des Croyants, visiter notre ville ! Et le vali de Damas, le kâdi et le naïeb, que je serai allé moi-même informer de l’arrivée du vizir Giafar, viendront d’eux-mêmes à ta rencontre, et te feront leurs salams et embrasseront la terre entre tes mains. Et toi, alors, tu diras à chacun les paroles qu’il faut dire, et tu les traiteras selon leur rang. Et moi aussi j’irai te visiter, dans ta tente, et à nous tous tu diras : « Je viens dans votre ville, pour changer d’air, et trouver une épouse suivant mon goût ! Et, comme j’ai entendu parler de la beauté de la fille de l’émir Amr, c’est elle que j’aimerais avoir pour épouse ! » Et alors, ô mon frère, il n’arrivera que ce que tu souhaites. »

Ainsi parla le généreux Attaf à l’hôte dont il ne connaissait point le nom et la situation, et qui n’était autre que Giafar Al-Barmaki avec son propre œil. Et il n’agissait de la sorte envers lui, que parce qu’il était son hôte et qu’il avait goûté le pain et le sel de son hospitalité. Car le généreux Attaf était doué d’une âme généreuse et de sentiments sublimes. Et il n’y eut jamais sur terre, avant lui, d’homme qui lui fût comparable, et il n’y en aura jamais après lui.