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les mille nuits et une nuit

pli. C’est pourquoi il ne faut pas que je laisse derrière moi des attaches, des dettes ou des obligations, ni rien qui puisse me laisser des préoccupations, car nul homme ne sait s’il sera l’ami de sa destinée le lendemain. Et c’est pourquoi, ô oncle, je t’appelle pour te remettre l’écrit du divorce de ta fille, mon épouse ! »

Lorsque l’oncle du généreux Attaf, père de son épouse, eut entendu ces paroles et compris qu’Attaf voulait divorcer, il fut extrêmement ému, et, exagérant dans son esprit la gravité de ce cas, il dit : « Ô Attaf, mon fils, qu’est-ce qui t’oblige à recourir à de pareils procédés ? Si tu viens à partir, en laissant ici ton épouse, quelque longue que puisse être ton absence, et quelque durée que tu lui donnes, ton épouse n’en continuera pas moins d’être ton épouse et ta dépendance et ta propriété ! Mais rien ne t’oblige à divorcer, ô mon fils ! » Et Attaf répondit, tandis que des larmes coulaient de ses yeux : « Ô mon oncle, j’en ai fait le serment, et Ce qui est écrit doit courir ! »

Et le père de la jeune femme, consterné à ces paroles d’Attaf, sentit la désolation entrer dans son cœur. Et la jeune épouse d’Attaf, à cette nouvelle, devint comme morte, et son état fut un lamentable état et son âme nagea dans la nuit, dans l’amertume et dans la douleur. Car elle aimait depuis l’enfance son époux Attaf, qui était le fils de son oncle, et sa tendresse pour lui était extrême…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.