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les mille nuits et une nuit

épouse claire, l’adolescente, fille de ceux du Nord, qui était douce à ma vue, et qui avait su charmer mon cœur par sa grâce étrange et le mystère où elle se mouvait. Mais mon plaisir était trop précieux pour aller se compromettre en brusquant les choses, et je ne pouvais que gagner en préparant le terrain et en laissant le fruit perdre son acidité et arriver à la pleine maturité dans la fraîcheur propice. Toutefois, je passai cette nuit-là dans l’insomnie, en pensant à la beauté blonde de la jeune étrangère qui parfumait ma demeure, et dont le corps lustral me paraissait savoureux comme l’abricot cueilli sous la rosée, et duveté comme lui, et comme lui désirable…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA HUIT CENT SOIXANTE-TROISIÈME NUIT

Elle dit :

… en pensant à la beauté blonde de la jeune étrangère qui parfumait ma demeure, et dont le corps lustral me paraissait savoureux comme l’abricot cueilli sous la rosée, et duveté comme lui, et comme lui désirable.

Et le lendemain, quand nous fûmes réunis pour le repas, je l’accueillis avec un visage souriant et en m’inclinant devant elle comme je l’avais vu faire