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histoire du livre magique
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d’amour ! » Et il ajouta : « Dis-moi donc avec qui tu es en amour, et de qui tu t’es énamouré. » Mais Giafar, la tête basse, ne fit aucune réponse et ne voulut prononcer aucune parole. Et Attaf fut bien chagriné du silence qu’il gardait et avait gardé à son égard, et fut bien affligé de son manque de confiance, et lui dit : « Ô mon frère, n’es-tu pas plus que mon ami, n’es-tu pas dans ma maison comme l’âme est dans le corps ? Et entre moi et toi n’y a-t-il pas eu quatre mois passés dans la tendresse, la camaraderie, la causerie et la pure amitié ? Pourquoi donc me cacher ton état ? Quant à moi, je suis bien attristé, et je suis effrayé de te voir seul, sans guide, dans une affaire aussi délicate ! Tu es, en effet, un étranger, tu n’es pas de cette capitale, et moi je suis un fils de la cité, et je puis t’aider avec efficacité, et dissiper ton trouble et ton inquiétude. Par ma vie qui t’appartient et par le pain et le sel qui sont entre nous, je te supplie de me révéler ton secret ! » Et il ne cessa de lui parler de la sorte, jusqu’à ce qu’il l’eût décidé à parler. Et Giafar releva la tête et lui dit : « Je ne te cacherai pas plus longtemps le motif de mon trouble, ô mon frère ! Et désormais je ne blâmerai plus les amoureux qui sont malades d’inquiétude et d’impatience. Car voici qu’une affaire m’est arrivée que je n’ai jamais pensé devoir m’arriver, non, jamais ! Et je ne sais pas ce qui va m’advenir de cela, car mon cas est un cas embarrassant, et compliqué de perte de vie. »

Et il lui raconta ce qui lui était arrivé ; comment, lorsqu’il s’était assis sur le banc de marbre, la fenêtre s’était ouverte en face de lui, et une jeune femme