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histoire du livre magique
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« Un médecin vint à moi, un jour, et prit ma main et mon pouls. Mais je lui dis : « Laisse aller ma main, le feu est dans mon cœur. »

Et il me dit : « Bois du sirop de roses, après l’avoir bien mélangé avec l’eau de la langue. Et ne le dis à personne ! »

Et je répondis : « Le sirop de roses est bien connu de moi : c’est l’eau des joues qui m’ont abîmé le cœur.

Mais comment, ô hakim, pourrais-je me procurer l’eau de la langue ? Et comment pourrais-je refroidir le feu brûlant qui, au fond de moi, habite ? »

Et le hakim me dit : « Tu es en amour ! » Je lui dis : « Oui ! » Et il me répondit : « Le seul remède est d’avoir l’objet ici ! »

Et Attaf, qui n’avait point entendu le poème et n’en avait saisi que le dernier vers, sans le comprendre, s’assit à la tête du lit, et interrogea son hôte sur ce que lui avait dit et prescrit le hakim. Et Giafar répondit : « Ô mon frère, il m’a écrit un papier, qui est ici, sous le coussin. » Et Attaf tira le papier de dessous le coussin, et le lut. Et il y trouva ces lignes tracées de la main du hakim :

« Au nom d’Allah le Guérisseur, maître des cures et des bons régimes ! — Voici ce qui est à prendre, avec l’aide et la bénédiction d’Allah ! Trois mesures de pure présence de l’aimé, mélangées d’un peu de prudence et de crainte d’être guetté par les jaloux ; plus, trois mesures d’excellente union clarifiée avec un grain d’absence et d’éloignement ;