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les mille nuits et une nuit

En entendant ces paroles, Attaf le Généreux, l’Excellent, fut ému à l’extrême limite de l’émotion, et envoya aussitôt un esclave blanc chercher un médecin. Et l’esclave s’en alla en toute hâte remplir sa mission, et ne tarda pas à revenir avec le meilleur médecin de Damas et le plus habile des médecins de son temps.

Et le médecin, un grand hakim, s’approcha de Giafar qui était étendu sur son lit, les yeux perdus, et le regarda au visage, et lui dit : « Ne te trouble pas à ma vue, et que le don de la santé soit sur toi ! Donne-moi ta main ! » Et il lui prit la main, et tâta son pouls, et vit que toute chose était à sa place, sans aucun dérangement, ni souffrance, ni douleur, et que les pulsations étaient solides et que les intermittences étaient régulièrement intermittentes. Et ayant constaté tout cela, il comprit la cause du mal, et que le malade était malade d’amour. Et il ne voulut point, devant Attaf, parler de sa découverte au malade. Et, pour faire les choses avec élégance et discrétion, il prit un papier et y écrivit sa prescription. Et il plaça doucement ce papier sous la tête de Giafar, en lui disant : « Le remède est sous ta tête ! Je t’ai prescrit une purge. Si tu la prends, tu seras guéri. » Et, ayant ainsi parlé, le hakim prit congé de Giafar, pour s’en aller traiter ses autres malades, qui étaient nombreux. Et Attaf l’accompagna jusqu’à la porte, et lui demanda : « Ô hakim, qu’a-t-il ? » Et il répondit : « La chose est sur le papier. » Et il s’en alla.

Et Attaf s’en revint auprès de son hôte, et le trouva qui finissait de réciter ce poème :