Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 14, trad Mardrus, 1903.djvu/295

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire du livre magique
291

quant à son esprit. Et il ramena sur lui la couverture, et il se mit à penser à l’adolescente, à sa beauté, à son élégance, à son allure, à ses proportions heureuses et à tout ce que le Donateur — qu’il soit glorifié — lui avait accordé de beauté, de magnificence et de splendeur. Et il en oublia tout ce qui lui était arrivé dans les jours de son passé, son affaire avec le khalifat, la condition posée, sa famille, ses amis et son pays. Et tel était le bourdonnement de ses pensées, qu’il se sentit pris de vertige, et que son corps en fut dévasté. Et il ne cessa de se tourner et de se retourner avec fièvre sur son lit, jusqu’au matin. Et il était comme quelqu’un qui serait perdu dans la mer de l’amour. Et, comme c’était l’heure habituelle où ils se levaient, Attaf se leva le premier et se pencha sur lui et lui dit : « Comment est la santé ? Mes pensées ont été cette nuit attachées sur toi. Et j’ai bien vu que tu n’as goûté de sommeil, de toute la nuit. » Et Giafar répondit : « Ô mon frère, je ne suis pas bien portant, je suis sans keif…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA HUIT CENT QUATRE-VINGT-DIX-NEUVIÈME NUIT

Elle dit :

« … Ô mon frère, je ne suis pas bien portant ! je n’ai pas de keif ! »