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les mille nuits et une nuit

seuil, et qui s’écria, en le voyant : « Ô mon seigneur, tu m’as rendu aujourd’hui excessivement désolé par ton absence ! Et mes pensées étaient chez toi, à cause de la longue attente et du retard de ton retour. » Et il se jeta sur sa poitrine et le baisa entre les yeux. Mais Giafar ne répondait rien, et était dans le vague. Et Attaf le regarda et lut sur son visage beaucoup de paroles, l’ayant, en effet, trouvé bien changé de teint et jaune et anxieux. Et il lui dit : « Ô mon seigneur, je vois ta mine bouleversée et ton esprit cassé ! » Et Giafar répondit : « Ô mon seigneur, depuis le moment où je t’ai quitté jusqu’à présent, j’ai souffert d’un violent mal de tête et d’une attaque nerveuse, car cette nuit j’ai dormi sur mon oreille. Et, dans la mosquée, je n’entendais rien aux prières que récitaient les Croyants ! Et mon état est piteux, et ma condition lamentable ! »

Alors Attaf le Généreux prit son hôte par la main et le conduisit dans la salle où d’ordinaire ils se plaisaient à causer. Et les esclaves apportèrent les plateaux des mets pour le repas du soir. Mais Giafar ne put rien manger, et leva la main. Et le jeune homme lui demanda : « Pourquoi, ô mon seigneur, lèves-tu la main et l’éloignes-tu des mets ? » Et il répondit : « C’est parce que le repas de ce matin a été lourd sur moi, et m’empêche de souper. Mais il n’y a aucun inconvénient à cela ! Car j’espère qu’une heure de sommeil fera passer la chose, et demain il n’y aura plus rien sur mon estomac ! »

En conséquence, Attaf fit dresser le lit de Giafar plus tôt que de coutume, et Giafar s’y étendit, bien déprimé