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histoire du livre magique
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tirer, il s’écria : « Attends, de grâce ! ô ma maîtresse, En voici d’autres, que j’ai composés sur ta physionomie et ton expression ! » Et elle dit : « Et qu’as-tu bien pu dire à ce sujet ? » Et il récita ces vers :

« Vois-tu sa figure apparaître et, malgré le voile, tant briller, comme la lune à l’horizon ?

Sa splendeur éclaire l’ombre des temples où on l’adore, et le soleil entre dans les ténèbres, devant sa course.

Son front éclipse la rose, et sa joue la pomme. Et son regard expressif émeut le peuple et l’enchante.

C’est par elle que, si un mortel la voyait, il deviendrait la victime de l’amour, et brûlerait dans les feux du désir. »

Lorsque la jeune dame eut entendu cette improvisation, elle dit à Giafar : « Tu as excellé ! Mais ce sont là des paroles plus grandes que toi ! » Et elle lui lança une œillade qui le transperça, et ferma la fenêtre et vivement disparut. Et Giafar le vizir patienta sur le banc, espérant et attendant que la fenêtre s’ouvrît une seconde fois et lui permît de jeter un second regard sur l’admirable objet. Et chaque fois qu’il voulait se lever, pour s’en aller, son tempérament lui disait : « Assieds-toi ! » Et il ne cessa d’agir de la sorte, jusqu’à ce que vînt le soir. Alors il se leva, avec son cœur épris, et retourna à la maison d’Attaf le Généreux. Et il trouva Attaf lui-même qui l’attendait à l’entrée de sa maison, sur le