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les mille nuits et une nuit

et d’harmonie, tandis qu’elle arrosait de sa main les fleurs odorantes. Et Giafar, à sa vue, se sentit le cœur blessé d’amour. Et il se leva sur ses deux pieds, et s’inclina jusqu’à terre devant elle. Et l’adolescente, ayant fini d’arroser ses plantes, regarda dans la rue et aperçut Giafar qui était incliné jusqu’à terre : Et elle voulut d’abord fermer sa fenêtre et disparaître. Puis elle se ravisa, et, se penchant sur le rebord, elle dit à Giafar : « Cette maison est-elle ta maison ? » Et il répondit : « Non, par Allah ! ô ma maîtresse, la maison n’est pas ma maison, mais l’esclave qui est à sa porte est ton esclave ! Et il attend tes ordres ! » Et elle dit : « Puisque cette maison n’est pas à toi, que fais-tu donc là, et pourquoi ne t’en vas-tu pas ? » Et il répondit : « C’est parce que, ya setti, je me suis arrêté ici pour composer en ton honneur quelques vers ! » Et elle demanda : « Et qu’as-tu bien pu dire sur moi, dans tes vers, ô homme ? » Et aussitôt Giafar récita ce poème, qu’il improvisa :

« Elle apparut dans une robe blanchissante avec des regards et des paupières d’émerveillement.

Et je lui dis : « Viens, ô unique, viens sans autre salam que celui de tes yeux ! Avec toi je serai heureux, jusque dans mon cœur heureux.

Béni soit Celui qui a habillé tes joues avec des roses ! Il peut créer ce qu’Il veut sans obstacle.

Blanche est ta robe, comme ta main et comme ta destinée ; et c’est blanc sur blanc, et blanc sur blanc ! »

Puis comme, malgré ces vers, elle voulait se re-