Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 14, trad Mardrus, 1903.djvu/290

Cette page a été validée par deux contributeurs.
286
les mille nuits et une nuit

n’est rien du tout, rien du tout ! » Et Giafar se levait pour sortir, quand son hôte l’arrêta pour lui dire : « Ô mon seigneur, aie seulement la bonté de patienter un moment, afin que nos gens puissent te seller une haquenée. » Mais Giafar répondit : « Ô mon ami, je préfère aller à pied ; car l’homme qui est à cheval ne peut guère se divertir à regarder et à observer autour de lui ; mais ce sont les gens qui se divertissent en le regardant et l’observant. » Et Attaf le Généreux lui dit : « Soit ! mais laisse-moi au moins te donner ce sac de dinars, afin que tu puisses faire des libéralités sur ton chemin, et distribuer l’argent par poignées en le jetant à la foule ! » Et il ajouta : « Maintenant, tu peux aller te promener. Et puisse cela te calmer l’esprit, et t’apaiser, et te faire revenir vers nous dans la joie et le contentement ! »

En conséquence, Giafar prit, de son généreux hôte, un sac de trois cents dinars, et sortit de la demeure, accompagné par les vœux de son ami.

Et il se dirigea lentement avec ses pensées, au sujet de la condition que lui avait imposée le khalifat, et bien désespéré de ne trouver aucune solution et qu’aucune aventure ne lui eût encore permis de deviner la chose ou de trouver l’homme qui pût la deviner ; et il arriva de la sorte devant la magnifique mosquée, et monta les trente degrés de marbre de la porte principale, et contempla avec admiration les beaux revêtements de faïence, les dorures, les pierreries et les marbres magnifiques qui l’ornaient de toutes parts, et les beaux bassins où coulait une eau si pure qu’on ne la voyait pas. Et il se recueillit et fit sa prière et écouta le prêche, et resta là jusqu’à