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les mille nuits et une nuit

à moi et si impoli et quel manquement ! de te laisser seul, pour aller me coucher dans mon harem, un homme tel que toi, un visiteur, un hôte d’Allah ! Une telle action serait si contraire à la courtoisie et aux devoirs de l’hospitalité ! Et, en vérité, ô mon maître, tant que ta présence daignera favoriser cette maison, je ne reposerai pas ma tête dans mon harem, ni ne m’y coucherai, et cela tant que les adieux n’auront pas eu lieu entre toi et moi, au jour de ta convenance et de ton choix, quand tu voudras retourner en paix et sécurité dans ta ville et ton pays ! » Et Giafar dit à lui-même : « C’est là une prodigieuse affaire, émerveillante à l’excès ! » Et ils dormirent ensemble cette nuit-là.

Et le lendemain, de bon matin, ils se levèrent et allèrent au hammam, où déjà le jeune homme — qui, en réalité, s’appelait Attaf le Généreux — avait envoyé, pour l’usage de son hôte, un paquet de vêtements magnifiques. Et, après qu’ils eurent pris le plus délicieux des bains, ils montèrent sur des chevaux splendides, qu’ils trouvèrent tout sellés à la porte du hammam, et se dirigèrent du côté du cimetière visiter la tombe de la Dame, et passèrent toute cette journée-là à se remémorer les vies des hommes et leurs morts. Et ils continuèrent à agir de la sorte, tous les jours, visitant tantôt une place et tantôt une autre, et dormant la nuit côte-à-côte, de la manière déjà connue, et cela pendant l’espace de quatre mois…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.