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histoire du livre magique
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dai sa protection ; et son arrivée fit revivre une âme que la mort réclamait.

Je suis devenu l’esclave du Prince des Amoureux, et être sous la domination de l’amour est devenu mon fait. »

Et Giafar fut ému d’une joie excessive, égale à celle du jeune homme, son hôte. Toutefois il ne cessait point d’être anxieux au sujet de son affaire avec le khalifat. Et cette anxiété était apparente sur son visage et dans son attitude. Et elle ne resta point cachée aux yeux du jeune homme, qui vit bien qu’il était inquiet, effrayé, songeur et dans l’incertitude de quelque chose. Et, de son côté, Giafar comprit que le jeune homme s’était aperçu de son état, et qu’il se retenait, par discrétion, de le questionner sur la cause de son trouble. Mais le jeune homme finit par lui dire ; « Ô mon seigneur, écoute ce que les sages ont dit :

« Ne t’effraie point ni ne t’afflige des choses qui doivent arriver ; mais plutôt lève la coupe de ce vin, poison qui chasse au loin les soucis et les ennuis.

Ne vois-tu pas que des mains ont peint de belles fleurs sur les robes de la boisson ?

Le butin du rameau de vigne, les lis et les narcisses, et la violette et la fleur rayée de Némân !

Si des ennuis te troublent, berce-les, pour qu’ils s’endorment, au milieu des liqueurs, des fleurs et des favorites ! »

Puis il dit à Giafar : « Ne resserre ni ne con-