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les mille nuits et une nuit

Et, lorsqu’il eut fini ce chant, il s’approcha de Giafar, le baisa sur la poitrine, exalta ses vertus, et lui dit : « Ô mon maître, ce jour est un jour heureux, et s’il n’était pas déjà une fête, je l’eusse rendu tel pour rendre grâces à Allah ! » Et aussitôt les esclaves s’empressèrent entre leurs mains ; et il leur dit : « Apportez-nous ce qui est prêt ! » Et ils apportèrent les plateaux de mets, de viandes et de toutes les autres choses excellentes, et le jeune homme dit à Giafar : « Ô mon seigneur, les sages disent : « Si tu es invité, satisfais ton âme avec ce qui est devant toi ! » Or, nous, si nous avions su que tu allais nous favoriser aujourd’hui de ton arrivée, nous t’aurions servi la chair de nos corps, et sacrifié nos petits enfants. » Et Giafar répondit : « Je mets donc ma main, et je mangerai jusqu’à ce que je sois rassasié ! » Et le jeune homme se mit à lui servir, de sa propre main, les morceaux les plus délicats, et à s’entretenir en toute cordialité avec lui, et en tout plaisir. Puis on apporta l’aiguière et le bassin, et on lui lava les mains. Après quoi le jeune homme le fit passer dans la salle des boissons, où il dit à l’adolescente de chanter. Et elle prit le luth, l’accorda, l’appuya sur son sein et, après avoir fredonné un instant, elle chanta :

« C’est un visiteur dont la venue est respectée par tous, plus doux à la fois que l’esprit et que l’espoir.

Il répand les ténèbres de ses cheveux devant l’aube, et l’aube, de honte, n’apparaît pas.

Et quand mon destin voulut me tuer, je deman-