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les mille nuits et une nuit

« Voyez celui que l’amour a vieilli ! Quoique son cœur n’ait pas changé, ils l’ont enterré ! »

Et Giafar, ayant entendu ces vers et ce chant, éprouva un plaisir infini, et ses organes furent émus aux accents de cette voix, et il dit : « Par Allah ! c’est beau ! » Mais déjà l’adolescente avait préludé sur un mode nouveau, le luth sur ses genoux, et chantait ces vers :

« Plein de ces sentiments, tu es amoureux. Ce n’est donc point étonnant si, moi, je t’aime.

Je lève ma main vers toi, demandant merci et pitié pour mon humilité. Puisses-tu te montrer charitable !

Ma vie s’est passée à solliciter ton consentement ; mais je n’ai jamais senti, dans mon intérieur, que tu étais charitable.

Et, à cause de la prise de possession de l’amour, je suis devenu un esclave, et mon cœur est empoisonné, et mes larmes coulent. »

Lorsque le chant de ce poème eut été terminé, Giafar s’avança de plus en plus, tout au plaisir où il était d’entendre et de regarder l’adolescente qui chantait. Et soudain, le jeune homme, qui était couché sous la tente, l’aperçut et se leva à demi et appela un de ses jeunes esclaves et lui dit : « Vois-tu cet homme qui est là, à l’entrée, en face de nous ? » Et le jeune garçon dit : « Oui ! » Et le jeune homme dit : « Ce doit être un étranger, car je vois sur lui les signes du voyage. Cours me le chercher, et