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histoire du livre magique
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une tente de soie ouvragée, tendue de beaux tapis du Khorassân et de riches draperies, et bien fournie de coussins de soie, de chaises et de lits de repos. Et un jeune homme était assis au milieu de la tente, comme la lune à son lever quand elle est à son quatorzième jour. Et il était négligemment vêtu, n’ayant sur la tête qu’un foulard, et sur le corps qu’une tunique de couleur rose. Et, devant lui, il y avait une société attentive, et des boissons de toutes les espèces fines. Et Giafar s’arrêta un moment à contempler la scène, et fut très content de ce qu’il voyait en ce jeune homme. Et, en regardant plus attentivement, il aperçut aux côtés du jeune homme une jeune dame comme le soleil dans un ciel serein. Et elle avait un luth sur son sein, comme un enfant dans les bras de sa mère. Et elle en jouait, en chantant ces vers :

« Malheur à ceux-là qui ont leur cœur entre les mains de leurs aimés ; car, s’ils veulent le ravoir, ils le trouveront tué.

Ils l’ont confié aux mains de leurs aimés quand ils l’ont senti amoureux ; et quand il est devenu amoureux, ils sont obligés de l’abandonner.

Nourrisson, ils l’arrachent du fond de leurs entrailles. Ô oiseau, répète : « Nourrisson, ils l’ont arraché ! »

On l’a tué injustement ; le bien-aimé fait le coquet avec son humble amoureux.

Je suis celui qui recherche les effets de l’amour, je suis l’amour, le frère de l’amour, et je soupire :