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tout le contenu de ce livre, ou bien je te couperai le cou à l’heure et à l’instant. » Et Giafar dit : « Ô émir des Croyants, Allah créa les cieux et les mondes en six jours, et, s’il l’avait voulu, il les aurait créés en une heure. Et s’il ne l’a pas fait, ça été pour enseigner à Ses créatures qu’il faut, en toutes choses, même pour faire le bien, agir avec patience et modération. À plus forte raison, quand il faut faire le contraire du bien, ô émir des Croyants. Toutefois, si tu tiens absolument à ce que j’aille chercher la personne en question, qui doit deviner ce qui t’a fait rire et pleurer, accorde à ton esclave un délai de trois jours seulement ! » Et le khalifat dit : « Si tu ne m’amènes pas la personne dont il s’agit, tu périras de la plus horrible des morts ! » Et à cela Giafar répondit : « Je m’en vais pour cette mission. » Et il sortit, là-dessus, avec le teint changé, l’âme troublée et le cœur plein d’amertume et de chagrin.

Et il s’en vint à sa maison, avec son cœur amer, pour faire ses adieux à son père Yahia et à son frère El-Fadl, et pleurer. Et ils lui dirent : « Pourquoi te voyons-nous en cet état de trouble et de tristesse, ô Giafar ? » Et il leur raconta ce qui était arrivé entre lui et le khalifat, et les mit au courant de la condition posée. Et il ajouta : « Celui qui joue avec une pointe acérée, se piquera la main ; et celui qui lutte avec le lion, sera tué. Quant à moi, il n’y a plus de place pour moi aux côtés du khalifat ; car désormais le séjour auprès de lui est le plus grand des dangers pour moi, ainsi que pour toi, ô mon père, et pour toi, ô mon frère ! Il vaut donc mieux que