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les mille nuits et une nuit

« Et c’est le même poète, ô émir des Croyants, qui a dit, en parlant de l’eau courante :

« Ma préférée est une jeune fille. Elle me dispense de boire et me divertit.

Elle est un beau jardin : ses yeux en sont les sources, et sa voix en est l’eau courante. »

Et Haroun écouta son porte-glaive et secoua la tête et dit : « Je n’ai point envie de cela cette nuit ! » Et Massrour dit : « Ô émir des Croyants, il y a dans ton palais trois cent soixante adolescentes, de toutes les couleurs, semblables à autant de lunes et de gazelles, et habillées de belles robes comme des fleurs. Lève-toi et allons les passer en revue, sans qu’elles nous voient, chacune dans son appartement. Et tu entendras leurs chants et tu verras leurs jeux et tu assisteras à leurs ébats. Et peut-être qu’alors ton âme se sentira attirée vers l’une d’elles. Et tu la prendras pour société, cette nuit, et elle se livrera à ses jeux avec toi. Et nous verrons bien ce qui testera de ton malaise ! » Mais Haroun dit : « Ô Massrour, va me chercher Giafar, immédiatement. » Et il répondit par l’ouïe et l’obéissance. Et il alla trouver Giafar, dans sa maison, et lui dit : « Viens chez l’émir des Croyants. » Et il répondit : « J’écoute et j’obéis ! » Et il se leva à l’heure et à l’instant, s’habilla, et suivit Massrour au palais. Et il se présenta devant le khalifat, qui était toujours au lit, et embrassa la terre entre ses mains et dit : « Fasse Allah que ce ne soit pas pour quelque chose de mal ! » Et Haroun dit : « Il n’y a rien que de bien,