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les mille nuits et une nuit

d’un bonnet de fou. Puis elles regardèrent autour d’elles, et s’approprièrent tout ce qu’elles trouvèrent sur leur chance, en fait d’argent et de choses de prix. Et, chargées de butin, et le cœur léger, elles le laissèrent ronfler comme un buffle dans son khân, et abandonnèrent la demeure à son propriétaire. Et le voileur voila ce qu’il y avait à voiler.

Or, le lendemain, quand le Syrien revint de sa crapulerie, il se vit seul dans sa chambre, et ne tarda pas à constater que sa chambre était balayée de tout ce qu’elle contenait. Et du coup il recouvra complètement ses sens, et s’écria : « Il n’y a de majesté et de puissance qu’en Allah le Glorieux, le Grand ! » Et il se précipita hors du khân, avec le bonnet de fou sur la tête, et se mit à demander à tous les passants s’ils n’avaient pas rencontré les nommées une telle, une telle et une telle. Et il disait les noms que lui avaient révélés les jeunes femmes. Et les gens, le voyant affublé de la sorte, le croyaient échappé du maristân, et répondaient : « Non, par Allah ! nous n’avons jamais rien vu comme toi ! » Et d’autres disaient : « Jamais nous n’avons aperçu quelqu’un qui te ressemble ! » Et d’autres répondaient : « Nous te regardons, en vérité, mais nous ne te connaissons pas ! »

Aussi, à bout de questions, il ne sut plus à qui recourir ni à qui se plaindre, et finit par rencontrer enfin un passant charitable et de bon conseil, qui lui dit : « Écoute-moi, ô Syrien ! Le mieux que tu aies à faire, en la circonstance, est de t’en retourner en Syrie, sans retard ni délai, car au Caire, vois-tu, les gens savent faire tourner les cerveaux durs com-