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les séances… (la naissance et l’esprit)
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entre la perplexité et la stupéfaction. Et il se balança entre l’extravagance et l’effarement. Et il ne sut plus distinguer le mâle de la femelle. Et son état fut mémorable et son destin déplorable. Et il regarda sans voir et mangea sans boire. Et il se servit de ses pieds et marcha sur sa tête. Et il fit tourner ses yeux et secoua son nez. Et il se moucha et éternua. Et il rit et pleura. Après quoi, il se tourna vers l’une des trois, et lui demanda : « Par Allah sur toi ! ya setti, quel peut bien être ton nom ? » Elle répondit : « Je m’appelle As-tu-jamais-rien-vu-comme-moi ? » Et sa raison s’envola davantage, et il s’écria : « Non wallahi, je n’ai jamais rien vu comme toi ! » Puis il s’étendit par terre, en s’appuyant sur ses coudes, et demanda à la seconde : « Et toi, ya setti, ô sang de la vie de mon cœur, quel est ton nom ? » Elle répondit : « Jamais-tu-n’as-aperçu-quelqu’un-qui-me-ressemble ! » Et il s’écria : « Inschallah ! ce qu’Allah veut, ô ma maîtresse Jamais-tu-n’as-aperçu-quelqu’un-qui-me-ressemble ! » Puis il se tourna vers la troisième et lui demanda : « Et toi, ya setti, ô brûlure de mon cœur, quel peut bien être ton honorable nom ? » Elle répondit : « Regarde-moi-et-tu-me-connaîtras ! » Et, ayant entendu cette troisième réponse, le Syrien roula par terre, en s’écriant de toute sa voix : « Il n’y a pas d’inconvénient, ô ma maîtresse Regarde-moi-et-tu-me-connaîtras ! »

Et elles continuèrent à faire circuler la coupe, et à la vider dans son gosier, jusqu’à ce qu’il fût tombé, sa tête précédant ses pieds, avec sa circulation arrêtée. Alors, le voyant dans cet état, elles se levèrent et lui enlevèrent son turban et le coiffèrent