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les mille nuits et une nuit

seraient introduire chez nous des hommes étrangers ? » Et elles ajoutèrent : « Cette nuit nous viendrons chez toi ! Dis-nous donc où tu loges. » Il dit : « Je loge dans une chambre de tel khân, dans telle rue. » Et elles dirent : « En ce cas, tu nous prépareras un souper, et tu nous le tiendras au chaud ; et nous viendrons te visiter après l’heure de la prière de la nuit. » Et il dit : « Ce sont des paroles parfaites. » Et elles le quittèrent, pour continuer leur chemin. Et, de son côté, il alla aux provisions, et acheta du poisson, des concombres, des huîtres, du vin et des parfums, et il porta le tout à sa chambre ; et il prépara cinq espèces de mets à base de viande, sans compter le riz et les légumes ; et il les cuisina lui-même ; et tint le tout prêt, dans les meilleures conditions.

Et lorsque fut le temps du souper, les trois femmes vinrent, comme elles L’avaient promis, enveloppées de kababits en toile bleue qui les rendaient méconnaissables. Mais, en entrant, elles rejetèrent ces enveloppes de dessus leurs épaules, et allèrent s’asseoir comme des lunes. Et le Syrien se leva et s’assit en face d’elles, comme une cruche, après avoir rangé devant elles les plateaux chargés de mets. Et ils mangèrent suivant leur capacité. Et il leur apporta ensuite le tabouret des vins. Et la coupe circula entre eux. Et le Syrien, sur leurs invitations pressantes, ne refusa aucune tournée, et but tellement que sa tête vogua dans toutes les directions. Et c’est alors, qu’enhardi quelque peu, il se mit à dévisager ses compagnes ; et il put admirer leur beauté et s’émerveiller de leurs perfections. Et il voyagea