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les séances… (la naissance et l’esprit)
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parmi les gens les plus délicieux et les plus spirituels de la terre. Mais, comme tous ceux de sa race, il était plein de suffisance, et il pensa qu’il allait éblouir les gens de là-bas par ce qu’il allait apporter de belles choses avec lui. Il prit, en effet, dans des coffres, ce qu’il possédait de plus somptueux en fait de soieries, d’étoffes précieuses, d’armes ouvragées et autres choses semblables, et s’en vint dans la cité sauvegardée, Misr Al-Kahirah, le Caire !

Et il commença par louer un local pour ses marchandises, et une chambre pour lui-même dans un khân de la ville, au centre des souks. Et il se mit à aller tous les jours chez les clients et les marchands, les invitant à venir visiter ses marchandises. Et il continua à travailler de la sorte, pendant quelque temps, lorsqu’un jour d’entre les jours, comme il était allé se promener et qu’il regardait à droite et à gauche, il fit la rencontre de trois jeunes femmes qui s’avançaient penchées et balancées, et qui riaient en se disant des choses comme ça et comme ça. Et chacune était plus belle que l’autre et plus attrayante et plus charmante. Et lorsqu’il les eut aperçues, ses moustaches se dressèrent et jouèrent ; et il s’approcha d’elles, comme elles lui lançaient des œillades, et leur dit : « Se peut-il que vous veniez me tenir agréable compagnie, à mon khân, pour nous divertir cette nuit ? » Et elles répondirent, rieuses : « Nous voulons bien, en vérité, et nous ferons ce que tu nous diras de faire, pour te plaire. » Et il demanda : « Chez moi ou chez vous autres, ô mes maîtresses ? » Elles dirent : « Hé, par Allah ! chez toi ! Crois-tu, par hasard, que nos maris nous lais-