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les mille nuits et une nuit

Mais pour ce qui est de Faïrouz, voici ! Lorsqu’il fut sorti de sa maison, pour aller là où l’envoyait le roi, il chercha la lettre dans sa poche, mais ne la trouva pas. Et il se rappela qu’il l’avait laissée sous l’oreiller. Et il s’en revint à sa maison, et y entra juste au moment où le roi venait de s’en aller. Et il vit la sandale du roi, sur le seuil. Et aussitôt il comprit le motif de son envoi hors de la ville, vers un pays lointain. Et il se dit : « Le roi, mon maître, ne m’envoie là-bas que pour laisser libre cours à une inavouable passion ! » Toutefois, il garda le silence, et, pénétrant sans bruit dans sa chambre, il prit la lettre là où il l’avait laissée, et sortit sans que son épouse se fût aperçue de son entrée. Et il se hâta de quitter la ville, et d’aller accomplir la mission dont l’avait chargé le roi, son maître. Et Allah lui écrivit la sécurité, et il porta la lettre à son destinataire, et revint à la ville du roi avec la réponse requise. Et, ayant d’aller se reposer à sa maison, il se hâta de se présenter entre les mains du roi qui, pour le récompenser de sa diligence, lui fit un présent de cent dinars. Et rien ne fut dit ou prononcé sur ce que l’on sait.

Et Faïrouz, ayant pris les cent dinars, alla au souk des joailliers et des orfèvres, et acheta, pour toute la somme, des choses magnifiques, en fait de parures pour l’usage des femmes. Et il porta tout cela à son épouse, en lui disant : « C’est pour fêter mon retour ! » Et il ajouta : « Prends cela et tout ce qui t’appartient ici, et retourne à la maison de ton père ! » Et elle lui demanda : « Pourquoi ? » Il dit : « En vérité, le roi, mon maître, m’a comblé de sa bonté.