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les séances… (le barbier émasculé)
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côté l’épouse entendit le barbier qui parlait de visiter la citerne, et descendit en toute hâte, en criant à son époux : « Jusqu’à quand, ô homme, vas-tu faire parcourir ta maison et ton harem à ce produit des mille cornards de l’impudicité ? Et n’as-tu pas honte d’introduire de la sorte dans l’intimité de ta demeure un étranger de l’espèce de celui-ci ? Qu’attends-tu pour le châtier selon son crime ? » Et le youzbaschi dit : « Tu dis vrai, ô femme, il faut le punir. Mais c’est toi la calomniée, et c’est à toi de le châtier. Punis-le selon la gravité et la nature de ses imputations ! » Alors l’adolescente monta prendre un couteau dans la cuisine, et le chauffa jusqu’à ce qu’il fût devenu blanc d’incandescence. Et elle s’approcha du barbier que le youzbaschi avait déjà étendu à terre d’un seul coup. Et, avec le couteau chauffé, elle lui cautérisa les cordons, et lui brûla les aiguillettes, pendant que le youzbaschi le maintenait sur le sol. Après quoi on le jeta dans la rue, en lui criant : « Cela t’apprendra à mal parler des harems des honnêtes gens ! » Et l’infortuné barbier resta là jusqu’à ce que des passants pitoyables l’eussent ramassé et porté à sa boutique. Et voilà pour lui !

Mais pour ce qui est de l’adolescent enfermé dans la citerne, il se hâta, dès que tous les bruits eurent cessé dans la maison, de s’échapper de sa cachette et de livrer ses jambes au vent. Et Allah voila ce qu’il y avait à voiler !

— Et Schahrazade ne voulut point laisser passer cette nuit-là sans raconter encore au roi Schahriar l’Histoire de Fairouz et de son épouse.