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les mille nuits et une nuit

ô mon maître, un homme pourrait-il entrer ici ? Eloigné soit le Malin ! » Et le youzbaschi dit : « C’est un barbier, qui est là dans la rue, qui m’a dit attendre la sortie de chez nous d’un jeune homme d’entre ses ses clients ! » Elle dit : « Et tu ne l’as pas écrasé contre le mur ? » Il dit : « J’y vais ! » Et il descendit, et saisit le barbier par la nuque et le fit tournoyer en lui criant : « Ô entremetteur sur ta mère et sur ton épouse ! Tu as osé dire de telles paroles sur le harem d’un Croyant ! » Et il allait sans doute faire entrer, d’un coup, sa longueur dans sa largeur, quand le barbier s’écria : « Par la vérité que nous a révélée le Prophète, ô youzbaschi, j’ai vu avec mes yeux entrer l’adolescent dans la maison ! Mais je ne l’ai pas vu en sortir ! » Et l’autre arrêta le tournoiement, et fut à la limite de la perplexité d’entendre cet homme soutenir cette chose devant la mort. Et il lui dit : « Je ne veux pas te tuer avant de te prouver que tu as menti, ô chien ! Viens avec moi ! » Et il le traîna dans la maison, et se mit à parcourir avec lui toutes les chambres, en bas, en haut et partout. Et lorsqu’ils eurent tout examiné et tout visité, ils redescendirent dans la cour et furetèrent dans tous les coins, sans rien trouver. Et le youzbaschi se tourna vers le barbier et lui dit : « Il n’y a rien ! » Et l’autre dit : « C’est vrai, mais il y a encore cette citerne-ci que nous n’avons pas visitée. »

Tout cela ! Et l’adolescent entendait leurs allées et venues, et leurs paroles. Et, à ces derniers mots de citerne et de visite à la citerne, il maudit en son âme le barbier, en pensant : « Ah ! le fils des prostituées de l’infamie ! Il va me faire prendre ! » Et de son