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les séances… (le barbier émasculé)
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descendance des procureurs ? » Il dit : « C’est un beau garçon, avec des yeux comme ça, et une taille comme ça, et le reste à l’avenant ! C’est un schalabi, tout à fait, un élégant, un raffiné de manières et de maintien, et généreux ! et délicieux ! un morceau de sucre, ya sidi, une ruche de miel, ouallahi ! »

Lorsque le capitaine des cent gardiens de police eut entendu cet éloge et cette description de celui qui était entré dans sa maison, il saisit le barbier par la nuque et, le secouant à plusieurs reprises, il lui dit : « Ô postérité des proxénètes et le fils des chiffons ! » Et le secoué barbier s’écria : « Il n’y a pas d’inconvénient ! » Et le youzbaschi continua : « Tu oses encore prononcer de telles paroles sur ma maison ? » Et le barbier dit : « Ô mon maître, tu verras ce que te dira mon client, lorsque tu lui auras dit : « Le barbier aux mains douces t’attend à la porte ! » Et le youzbaschi écumant lui cria : « Eh bien, reste ici, en attendant que j’aille contrôler tes paroles ! » Et il se précipita dans sa maison.

Or, pendant ce temps, la jeune femme qui avait entendu et vu, de derrière la fenêtre, tout ce qui venait de se passer dans la rue, avait déjà eu le loisir de cacher son amant dans la citerne de la maison. Et quand le youzbaschi eut pénétré dans les chambres, il n’y avait plus ni adolescent, ni odeur d’adolescent, ni rien qui s’en rapprochât de près ou de loin. Et il demanda à son épouse ; « Hé, par Allah ! ô femme, y a-t-il vraiment lieu de croire qu’un homme a pénétré chez nous ? » Et l’épouse, comme formalisée à l’extrême de cette supposition, s’écria : « Ô la honte sur notre maison et sur moi-même ! Comment,