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les mille nuits et une nuit

même : « Qu’Allah maudisse les vieilles calamiteuses qui noircissent d’une si vilaine sorte les jours de l’amusement ! Et que le Malin les enfonce dans le plus profond des trous du cinquième enfer ! » Et, ce disant, il cracha en l’air, avec fureur, en marmonnant dans sa barbe : « Je crache sur toi et sur la terre qui t’enfouira, ô mère des calamités ! » Et il reprit le chemin de sa maison, et arriva dans sa rue avec des yeux roulant de colère. Et il aperçut le barbier qui était immobilisé, la tête vers les fenêtres de la maison, comme un chien qui attend l’os qu’on lui jettera. Et il l’aborda et lui dit : « Qu’as-tu, ô homme ? Et qu’y a-t-il de commun entre toi et cette maison ? » Et le barbier s’inclina jusqu’à terre et répondit : « Ô sidi le youzbaschi, j’attends ici le meilleur client de ma boutique ! Car mon pain est entre ses mains ! » Et le youzbaschi, fort étonné, lui demanda : « Que dis-tu là, ô suppôt des éfrits ? Ma maison serait-elle maintenant un lieu de rendez-vous pour les clients des barbiers de ton espèce ? Marche, ô proxénète, ou tu connaîtras la lourdeur de mon bras ! » Et le barbier dit : « Le nom d’Allah sur toi, ô mon maître le youzbaschi, et sur ta maison et sur les habitants de ton honorable maison, réceptacle de l’honnêteté et de toutes les vertus ! Mais, par ta précieuse vie ! je jure que mon meilleur client est entré ici même ! Et, comme il y a déjà longtemps qu’il y est, et que mon travail et ma boutique me mettent dans l’impossibilité d’attendre plus longtemps, je te prie de lui dire, en le voyant, de ne pas tarder davantage ! » Et l’époux de l’adolescente lui dit : « Et quelle manière d’homme est-il, ton client, ô fils des entremetteurs et la