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les mille nuits et une nuit

tu auras réglé les affaires pendantes, tu reviendras à cette boutique, d’où tu sortiras encore plus beau qu’à ton entrée. Allah avec toi ! » Et l’adolescent répondit : « Taïeb ! parfait ! je reviendrai ! » Et il détala en hâte, et disparut au tournant de la rue.

Et il arriva devant la maison de son amie, l’épouse du youzbaschi. Et il allait frapper à la porte, quand, à sa surprise extrême, il vit surgir devant lui, venant de l’autre bout de la rue, le barbier. Et, ne sachant quelle pouvait bien être l’affaire qui faisait accourir de la sorte ce barbier, qui de loin lui faisait des gestes d’appel, il s’arrêta de frapper. Et le barbier lui dit ; « Ô mon maître, Allah avec toi ! Je te prie de ne pas oublier ma boutique, qui s’est parfumée de ta venue et s’en est illuminée. Et le sage a dit : « Quand tu t’es dulcifié dans un endroit, n’en cherche pas un autre ! » Et le grand médecin des Arabes, Abou-Ali el Hossein Ibn Sina — sur lui les grâces du Très-Haut ! — a dit : « Nul lait n’est comparable, pour l’enfant, au lait de la mère ! Et rien n’est plus doux à la tête que la main d’un habile barbier ! » J’espère donc de toi, ô mon maître, que tu reconnaîtras ma boutique entre toutes les boutiques des autres barbiers du souk. » Et l’adolescent dit : « Hé ouallah ! certainement, je la reconnaîtrai, ô barbier ! » Et il poussa la porte, qui déjà s’était ouverte de l’intérieur, et se hâta de la refermer après lui. Et il monta rejoindre son amoureuse, pour faire sa chose ordinaire avec elle.

Quant au barbier, au lieu de s’en retourner à sa boutique, il resta planté dans la rue, en face de la porte, en se disant : « Le mieux est que j’attende ici même