Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 14, trad Mardrus, 1903.djvu/25

Cette page a été validée par deux contributeurs.
les rencontres d’al-rachid… (la jument…)
21

Et dont la petite bouche avec son contenu est une pourpre camomille, fleurie sur deux rangs de grêlons,

Ô propriétaire de deux yeux d’agate ombrés de pétales d’hyacinthe, et plus longs que ceux d’une antique pharaonne,

Ô splendide ! À te comparer aux plus belles que nous aimons, je me tromperais, car tu es belle sans comparaison.

Car ne serait-ce que le grain de beauté logé dans le creux aimable de ta commissure, et voici que les humains tituberaient dans la folie ;

Ne serait-ce que tes jambes sveltes qui se regardent, debout, au miroir de tes pieds nus, et voici surpassés les joncs qui se mirent dans l’eau ;

Ne serait-ce que ta taille docile au rythme de tes splendeurs, que voici jaloux les jeunes rameaux de l’arbre bân.

Et ne serait-ce que ton port plus magnifique que celui d’un navire sur la mer, quand il est monté par des pirates, et voici tous les cœurs meurtris par tes prunelles.

Et moi, ô mon seigneur, je pris donc l’adolescente claire par la main, et, après avoir protégé avec mon manteau sa nudité, je l’emmenai à ma demeure. Et elle me plut par sa douceur, son silence et sa modestie. Et je sentis combien elle m’attirait par sa beauté étrangère, sa pâleur, ses cheveux jaunes comme l’or en fusion, et ses yeux bleus toujours baissés qui, par timidité sans aucun doute, évitaient toujours les miens. Et, comme elle ne parlait point notre