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les séances… (le barbier émasculé)
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eunuque sortit de chez sa maîtresse, et, n’ayant pas trouvé l’adolescent chez lui, il se mit à parcourir, à sa recherche, toutes les boutiques du souk où il avait coutume d’aller s’asseoir. Et il finit par le trouver dans la boutique d’un barbier, où il était entré pour se faire raser la tête. Et il s’approcha de lui, précisément au moment où le barbier lui entourait le cou d’une serviette propre, et lui disait : « Fasse Allah que le rafraîchissement te soit délicieux ! » Et le petit eunuque, s’étant donc approché de l’adolescent, se pencha vers lui, et lui dit à l’oreille : « Ma maîtresse une telle t’envoie ses salams les plus choisis, et me charge de te dire qu’aujourd’hui le rivage est clair, et que le youzbaschi est aux jardins ! Si donc tu tiens à la possession, tu n’as qu’à venir sans délai ni retard. » Et le jeune garçon, ayant entendu cela, ne put plus souffrir de rester là un moment de plus, et il cria au barbier : « Sèche vite ma tête, que je m’en aille ; et je reviendrai ici une autre fois ! » Et, en disant ces paroles, il mit dans sa main un drachme d’argent, tout comme s’il avait eu la tête déjà travaillée par le barbier. Et le barbier, voyant cette générosité, se dit : « Il me donne un drachme, alors que je ne lui ai rien rasé ! Que serait-ce si sa tête avait été rasée ! Par Allah ! voilà un client que je suivrai de l’œil. Sans aucun doute, lorsque je lui aurai rasé la tête, il me donnera une poignée de ces drachmes-là ! »

Sur ces entrefaites, l’adolescent se leva avec rapidité, et sortit dans la rue. Et le barbier raccompagna jusqu’au seuil de la boutique, en lui disant : « Allah avec toi, ô mon maître ! Mon espoir est que, lorsque