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les mille nuits et une nuit

fougue et de bravoure, avec des mains dont un doigt eût suffi pour écraser l’adolescent. Et ce youzbaschi avait toutes les qualités excellentes capables de satisfaire son harem ; mais l’adolescent n’avait point de barbe, et l’épouse était de celles qui préfèrent la viande d’agneau ; et une jument de celles qui aiment se sentir chevauchées, de préférence, par les jouvenceaux.

Or, un jour d’entre les jours, le youzbaschi entra dans sa maison et dit à l’adolescente, son épouse : « Ô une telle, je suis invité, cette après-midi, à aller à tel endroit, dans les jardins, pour respirer le bon air avec les amis. Si donc, pour une affaire ou pour une autre, on a besoin de moi, tu sauras où m’envoyer chercher. » Et son épouse lui dit : « Nul ne souhaitera autre chose de toi que de te savoir dans les délices et le contentement ! Va te réjouir dans les jardins, ô mon maître, et que cela te dilate et t’épanouisse, pour notre joie ! » Et le youzbaschi s’en alla en sa voie, en se félicitant, une fois de plus, d’avoir une épouse si attentive, et bien douée et bien obéissante et bien polie.

Et, dès qu’il eut tourné le dos, son épouse s’écria : « Les louanges à Allah qui éloigne de nous, pour cette après-midi, ce cochon sauvage ! Voici que je vais envoyer chercher le pendu de mon cœur ! » Et elle appela le petit eunuque qui était à son service, et lui dit : « Ô garçon, va vite trouver un tel de ma part. Et si tu ne le trouves pas chez lui, cherche-le partout jusqu’à ce que tu le rencontres, et dis-lui : « Ma maîtresse t’envoie le salam et te dit d’aller la trouver à la maison, en ce moment ! » Et le petit