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les mille nuits et une nuit

t’accorder les plus choisies de Ses grâces pour cette nuit que tu vas passer avec ton cousin ! Quant à moi, je vais te conduire et t’escorter, pour t’éviter les rencontres fâcheuses d’autres voleurs que moi ! » Et il ajouta : « Ô ma maîtresse, si le vent est à tous, la flûte n’est pas à moi ! »

Et, ayant ainsi parlé, le voleur prit l’adolescente par la main et l’escorta, avec tous les égards dont on fait preuve envers une reine, jusqu’à la maison de son amant. Et il prit congé d’elle, après avoir baisé le pan de sa robe, et s’en alla en sa voie.

Et la jeune fille poussa la porte du jardin, traversa le jardin, et alla droit à la chambre de son cousin. Et elle l’entendit qui sanglotait, tout seul, en pensant à elle. Et elle frappa à la porte ; et la voix pleine de larmes de son cousin demanda : « Qui est à la porte ? » Elle dit : « Habiba ! » Et de l’intérieur il s’écria : « Ô voix de Habiba ! » Et il dit encore : « Habiba est morte ! Qui es-tu, toi qui me parles avec sa voix ? » Elle dit : « Je suis Habiba, la fille de ton oncle ! »

Et la porte s’ouvrit, et Habib tomba évanoui dans les bras de sa cousine. Et lorsque, grâce aux soins de Habiba, il fut revenu de son évanouissement, Habiba le fit reposer à côté d’elle, lui posa la tête sur ses genoux et lui fit le récit de ce qui était arrivé avec le cheikh, son époux, et avec le voleur généreux. Et Habib, entendant cela, fut tellement ému qu’il ne put d’abord prononcer une parole. Puis il se leva soudain, et dit à sa cousine : « Viens, ô ma bien-aimée cousine ! » Et il la prit par la main, sans vouloir la connaître, et sortit avec elle dans la rue, et la