Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 14, trad Mardrus, 1903.djvu/238

Cette page a été validée par deux contributeurs.
234
les mille nuits et une nuit

ches, avait déjà senti que quelque chose se passait chez lui qui ne se passait pas à l’ordinaire. Et il dit à sa femme : « Qu’y a-t-il ? Et pourquoi tiens-tu ce voile ? » Et elle répondit : « L’histoire de ce voile, ô mon maître, est une histoire qui, si elle était écrite avec les aiguilles sur le coin intérieur de l’œil, servirait de leçon à qui la lirait avec respect ! Mais d’abord viens t’asseoir sur le divan, pour que je te la raconte ! » Et elle l’entraîna vers le divan, le pria de s’asseoir, et continua ainsi : « Sache, en effet, qu’il y avait, dans la ville du Caire, un capitaine de police, homme terrible et jaloux, qui surveillait sa femme sans répit. Et, pour être sûr de sa fidélité, il l’avait enfermée dans une maison, comme celle-ci, d’une seule chambre. Mais, malgré toutes ses précautions, la jeune femme le cornufiait de tout son cœur, et copulait sur ses insensibles cornes avec le fils de leur voisin le boucher, tant et si bien qu’un jour, étant rentré plus tôt que de coutume, le capitaine se douta de quelque chose. Et, en effet, quand sa femme l’avait entendu rentrer, elle s’était hâtée de cacher son amant, et avait entraîné son mari sur un divan, tout comme je l’ai fait avec toi. Et alors elle lui jeta sur la tête un drap qu’elle tenait à la main, et lui en serra le cou de toutes ses forces, là, comme ça ! » Et, parlant ainsi, la jeune femme jeta le drap sur la tête du Kurde, et lui en serra le cou, en riant, et en continuant ainsi son histoire : « Et quand le fils de chien eut la tête et le cou bien pris dans le drap, la jeune femme cria à son amant, qui était caché derrière les habits du mari : « Hé, mon chéri, vite ! vite ! sauve-toi ! » Et le jeune boucher