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les séances… (le capitaine de police)
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menaçaient leurs enfants d’appeler le capitaine kurde, lorsqu’ils étaient insupportables. En un mot, il était l’épouvantail du quartier et de la ville.

Or, un jour d’entre les jours, il sentit la solitude lui peser, et il pensa qu’il serait bon, le soir en rentrant chez lui, de trouver de la chair fraîche à se mettre sous la dent. C’est pourquoi il alla trouver une marieuse, et lui dit : « Je désire prendre femme. Mais j’ai beaucoup d’expérience, et je sais quelles tribulations les femmes apportent d’ordinaire avec elles. C’est pourquoi, comme j’aime avoir le moins de complications possible, je veux que tu me trouves une jeune fille vierge qui n’ait jamais quitté la robe de sa mère, et qui soit disposée à vivre avec moi dans une maison qui est composée d’une seule chambre. Et je mets comme condition que jamais elle ne sorte de cette maison et de cette chambre. Et c’est à toi à voir si tu peux ou si tu ne peux pas me trouver cette jeune fille-là ! » Et la marieuse répondit : « Je peux ! Et dépose les arrhes ! » Et le capitaine de police lui remit un dinar comme arrhes, et s’en alla en sa voie. Et la marieuse se leva sur ses deux pieds, et se mit à la recherche de la jeune fille en question.

Et, après plusieurs jours de recherches et de démarches, de demandes et de réponses, elle finit par trouver une jeune fille qui consentait à vivre avec le Kurde, sans jamais sortir de la maison composée d’une seule chambre. Et la marieuse alla faire part au capitaine de police de la réussite de ses démarches, et lui dit : « Celle que je t’ai trouvée est une jeune fille vierge qui n’a jamais quitté sa mère et