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les mille nuits et une nuit

était sur le seuil de la chambre et qui, le voyant jaune de teint et bien ému, lui dit : « Qu’as-tu, ô mon fils ! Prie sur le Prophète ! » Et il répondit : « Sur Lui la prière et la paix ! Qu’est cela, ô tante ? Qu’est cela que je vois sur le lit ? Je me réfugie en Allah contre les méfaits du Lapidé ! » Et il cracha violemment par terre, comme sur quelqu’un qui fût à ses pieds. Et la mère dit : « Et pourquoi, ô mon fils, toute cette colère et cette émotion ? Est-ce parce que ton épouse est avec une autre personne ? Mais, par les mérites du Prophète ! penses-tu donc qu’on puisse se nourrir de l’air du temps ? Et crois-tu que je t’aie accordé ma fille pour épouse, sans rien exiger de toi comme dot et douaire, pour que maintenant tu t’avises de réprouver sa conduite et de contrarier ses caprices ? C’est là une grande prétention de ta part, mon fils ! Car tu devrais bien te dire que deux femmes comme nous ne sauraient arriver à subsister si elles n’étaient pas libres de leurs mouvements ! Comprends-tu maintenant ? » Et l’adolescent, stupéfait de tout ce qu’il entendait, ne sut que murmurer : « Je me réfugie en Allah ! Il est le Miséricordieux ! » Et la mère reprit : « Quoi ! tu te plains encore ! Mais, mon fils, si notre façon de vivre n’est pas à ta convenance, tu n’as qu’à nous faire voir la largeur de tes épaules ! »

À ces paroles, le jeune homme, à la limite de la colère, s’écria, de façon à être entendu aussi bien par la mère que par la fille : « Je divorce ! par Allah et par le Prophète, je divorce ! »

Et, au même moment, de dessous la moustiquaire, la jeune femme se leva en s’étirant, et, ayant entendu