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les séances charmantes… (le délieur…)
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Ses formes sont délicates autant que dur est son cœur ; ses longs yeux déclarent la guerre aux indifférents, et allument des incendies dans les cœurs les plus froids.

Ses cheveux sont bouclés et noirs comme des scorpions, sa taille, flexible comme le rameau de l’arbre bân, et fine comme la tige du bambou.

Mais sa croupe, qui est remarquable, tremble, quand il se balance, comme le lait caillé dans l’écuelle du Bédouin.

Or, un jour d’entre les jours, l’adolescent était, comme à l’ordinaire, assis à la devanture de sa boutique, avec ses grands yeux noirs et la séduction de son visage, quand une dame entra pour faire quelque emplette. Et il la reçut avec dignité, et la conversation s’engagea entre eux sur la vente et l’achat. Mais, au bout d’un moment, la dame, absolument subjuguée par ses charmes, lui dit : « Ô visage de lune, je viendrai demain te revoir. Et tu seras content de moi ! » Et elle le quitta, après avoir acheté quelque chose qu’elle paya sans marchander, et s’en alla en sa voie.

Et, comme elle l’avait promis, elle revint à la boutique, le lendemain à la même heure. Mais elle tenait par la main une adolescente bien plus jeune qu’elle, et plus jolie et plus attirante et plus désirable. Et le jeune marchand, en voyant la nouvelle venue, ne s’occupa plus que d’elle, et ne fit pas plus attention à la première que s’il ne la voyait pas. Et celle-ci finit par lui dire à l’oreille : « Ô visage béni, par Allah ! tu n’as pas mal choisi. Et, si tu le veux,