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les mille nuits et une nuit

consulter, mais sache bien que si elle refuse, elle goûtera comme toi à la mort noire ! »

Et le bouleversé vendeur de pois chiches alla trouver sa fille, et la mit au courant de la situation, et dit : « Ô ma fille, c’est là une calamité inévitable ! » Mais la jeune fille se mit à rire, et lui dit : « Par Allah ! ô père, il n’y a là-dedans ni calamité ni odeur de calamité. Car ce mariage est une bénédiction pour moi et pour toi et pour mes sœurs, les jeunes filles. Et je donne mon consentement. »

Et le vendeur de pois chiches alla porter la réponse de sa fille au fils du sultan, qui se trémoussa d’aise et de contentement. Et il donna l’ordre de faire sans retard les préparatifs des noces, qui commencèrent aussitôt. Et voilà pour lui !

Mais pour ce qui est de la jeune fille, elle alla trouver un confiseur expert en l’art de confectionner les poupées en sucre, et lui dit : « Je désire de toi que tu me fasses une poupée tout en sucre, qui soit de ma taille et de ma ressemblance et de ma couleur, avec des cheveux en sucre filé, et de beaux yeux noirs, et une petite bouche et un joli petit nez et de longs sourcils déliés, et avec tout ce qu’il faut dans les autres endroits. » Et le confiseur, qui était fort habile de ses doigts, lui confectionna une poupée à ses traits et ressemblance, si bien faite qu’il ne lui manquait que la parole pour être une fille d’Adam.

Or, lorsque vint la nuit nuptiale de la pénétration, la jeune fille, aidée de ses sœurs, qui étaient devenues ses dames d’honneur, passa sa propre chemise sur le corps de la poupée, et la coucha dans