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les séances… (la fille du vendeur…)
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dit pour ses sœurs : « Hé, ouallah ! et le salam sur toi, ô visage emmitouflé ! Comment va ce matin le côté gauche de ta barbe et de tes moustaches, et comment va la moitié droite de ton crâne, et comment vont tes beaux sourcils, et as-tu trouvé à ton goût la crotte d’âne, ô mon chéri ? Puisse-t-elle avoir été sur ton cœur de délicieuse digestion ! »

Et, ayant dit cela, elle se mit à courir avec ses sœurs, en riant aux éclats, et en faisant de loin, au fils du sultan, des gestes de moquerie et d’excitation. Tout cela !

Et, entendant et voyant, le fils du sultan comprit, à n’en pas douter, que l’éfrit de la nuit n’était autre que la fille du vendeur de pois chiches. Et, à la limite de la rage, il sentit le fiel de sa vésicule lui monter au nez, et il jura qu’il viendrait à bout de la jeune fille ou qu’il mourrait. Et ayant combiné son plan, il attendit quelque temps que sa barbe, ses moustaches, ses sourcils et ses cheveux eussent poussé, et il fit venir en sa présence le vendeur de pois chiches, père de la jeune adversaire, qui se dit, en se dirigeant vers le palais : « Qui sait, cette fois, quelle calamité m’attend de la part de ce proxénète ! » Et il arriva fort peu rassuré entre les mains du fils du sultan, qui lui dit : « Ô homme, je veux que tu m’accordes en mariage ta fille, la troisième, dont je suis épris éperdument ! Et si tu oses me la refuser, ta tête sautera de tes épaules ! » Et le vendeur de pois chiches répondit : « Il n’y a point d’inconvénient ! Mais que le fils de notre maître le sultan m’accorde un délai afin que j’aille consulter ma fille, avant de la marier ! » Et il répondit : « Va la