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les mille nuits et une nuit

de pois chiches s’approcha de lui, tandis qu’il était étendu sur le sol, immobilisé et évanoui ; et, sortant les ciseaux et le rasoir, elle lui rasa la moitié de ses jeunes moustaches, la moitié de sa barbe du côté gauche, la moitié de ses cheveux du côté droit, et les deux sourcils à la fois. Après quoi elle lui frotta la figure avec de la crotte d’âne et lui en enfonça un morceau dans la bouche. Et, cela fait, elle s’en alla comme elle était venue, sans que personne osât lui barrer le passage. Et elle rentra sans encombre à la maison, où elle se hâta d’enlever son costume de fer, et de se coucher à côté de ses sœurs, pour dormir d’un bon sommeil jusqu’au lendemain.

Et ce jour-là, comme à l’ordinaire, les trois sœurs, après s’être lavées et coiffées et arrangées, sortirent de leur maison pour aller chez leur maîtresse en broderie. Et, comme tous les matins, elles passèrent sous la fenêtre du fils du sultan. Et elles le virent assis, selon son habitude, près de la fenêtre, mais avec le visage et la tête emmitouflés dans un foulard, de telle manière que seuls ses yeux étaient apparents. Et toutes trois, contrairement à leur façon ordinaire de se comporter vis-à-vis de lui, le regardèrent avec insistance et coquetterie. Et le fils du sultan se dit : « Je ne sais pas, je crois bien qu’elles s’apprivoisent ! Peut-être est-ce parce que le foulard qui m’enveloppe la tête et le visage fait paraître plus beaux mes yeux ! » Et il leur cria : « Hé ! les trois lettres droites de l’alphabet, ô filles de mon cœur, le salam sur vous trois ! Comment vont les pois chiches, ce matin ? » Et la plus jeune des trois sœurs, la petite Zeina, leva la tête vers lui et répon-