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les séances… (la fille du vendeur…)
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corps, après avoir enlevé tous tes vêtements. Et, de la sorte, tu seras habillé et nu à la fois.

« Et pour ce qui est de la seconde condition, tu n’auras qu’à prendre avec toi, avant d’aller au palais du sultan, un oignon. Et tu t’en frotteras les yeux, dès le seuil. Et tu seras pleurant et riant au même moment.

« Et pour ce qui est enfin de la troisième condition, va, ô père, chez notre voisin l’ânier, et prie-le de te prêter son ânon né de l’année. Et tu le prendras avec toi, et lorsque tu seras arrivé chez le fils du sultan, ce vaurien, tu monteras l’ânon, et, comme tes pieds toucheront le sol, tu marcheras en même temps sur tes pieds, à mesure que l’ânon avancera. Et, de la sorte, tu seras monté et à pied en même temps !

« Et tel est mon avis ! Et Allah est plus puissant et le seul intelligent ! »

Lorsque le vendeur de pois chiches, père de l’ingénieuse Zeina, eut entendu ces paroles de sa fille, il l’embrassa entre les deux yeux, et lui dit : « Ô fille de ton père et de ta mère, ô Zeina, celui qui engendre des filles comme toi ne meurt pas ! Gloire à Celui qui a mis tant d’intelligence sous ton front et tant de sagacité dans ton esprit ! » Et, à l’heure et à l’instant, le monde blanchit devant son visage, les soucis s’envolèrent de son cœur, et sa poitrine se dilata. Et il mangea un morceau et but une gargoulette d’eau, et sortit faire tout ce que lui avait enseigné sa fille.

Et le lendemain, lorsque tout fut prêt, comme il fallait, le vendeur de pois chiches s’en alla au palais, et entra chez le fils du sultan, sous la forme et l’aspect requis, habillé et nu à la fois, riant et pleurant