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les mille nuits et une nuit

parents, vieux et jeunes, de ton épouse, et des relations ennuyeuses et lourdes de ton oncle, père de ton épouse, mais encore en écartant de toi les futures récriminations de la fille des notables, qui ne manquerait, en toute occasion, de te faire sentir qu’elle est d’extraction supérieure, et que tu n’as sur elle ni droit ni autorité, et que tu n’as vis-à-vis d’elle que des devoirs, et lui dois tous les égards et toutes les obligations. Et c’est alors que tu pourrais regretter ta vie de célibataire et te mordre les doigts jusqu’au sang. Tandis qu’en choisissant toi-même une épouse, contrôlée par tes yeux et par tes doigts, et qui soit sans attaches et toute seule avec sa beauté, tu simplifies ton existence, tu évites les complications, et tu as tous les avantages du mariage sans en avoir les inconvénients ! »

Et c’est nourri, ce matin-là, de ces pensées nouvelles, ô émir des Croyants, que j’arrivai au souk des esclaves femmes, pour me choisir une épouse agréable avec qui vivre, dans les douceurs de toutes sortes, le mutuel amour et les bénédictions. Car, comme de ma nature j’étais capable d’affection, je souhaitais de toutes mes forces trouver en l’adolescente de mon choix les qualités de l’âme et du corps qui me permissent de placer en elle les réserves accumulées d’une tendresse dont je n’avais encore placé la moindre parcelle chez aucun être vivant.

Or, ce jour-là était précisément jour de marché, et un nouvel arrivage était fraîchement amené à Baghdad de jeunes filles de la Circassie, de l’Ionie, des Îles de l’extrême Nord, de l’Éthiopie, de l’Irân, du Korassân, de l’Arabie, du pays des Roums, du