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les séances… (la fille du vendeur…)
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— Et Schahrazade, voyant que le Roi l’écoutait sans déplaisir, raconta encore, cette nuit-là, l’histoire de


LA FILLE DU VENDEUR DE POIS CHICHES


Il m’est revenu entre ce qui m’est revenu, qu’il y avait dans la ville du Caire un honnête et respectable vendeur de pois chiches à qui le Donateur avait accordé trois filles, pour toute postérité. Et, bien que d’ordinaire les filles n’apportent point avec elles les bénédictions, le vendeur de fèves acceptait avec résignation le don de son Créateur ; et il aimait ses trois filles d’un grand amour. D’ailleurs elles étaient comme des lunes, et la plus petite surpassait ses deux sœurs en beauté, en charmes, en grâce, en sagacité, en intelligence et en perfections. Et cette petite-là s’appelait Zeina.

Or, tous les matins, les trois jeunes filles se rendaient chez leur maîtresse qui leur enseignait l’art de la broderie sur soie et sur velours. Car le vendeur de pois chiches, leur père, cet homme excellent, voulait qu’elles eussent une excellente éducation, afin que la destinée mît sur le chemin de leur mariage des fils de marchands et non point les fils de quelque vendeur comme lui.

Et tous les matins, en se rendant chez leur maîtresse en broderie, les jeunes filles passaient sous la fenêtre du fils du sultan, avec leur taille onduleuse,